Certains (LFI) ressortent de vieilles (très vieilles) recettes qui n’ont jamais marché ; Elles font illusion très temporairement et sont totalement démagogiques.
L’INDEXATION DES SALAIRES n’est pas une idée neuve ! Elle a été largement pratiquée dans les années 74-82, hélas, avec le consentement (la faiblesse) du patronat de l’époque.
Nous étions dans une période de très forte inflation, après les chocs pétroliers, avec des hausses des prix qui atteignaient, certaines années, près de 14%. Malgré tout, la croissance restait élevée.
Des clauses d’indexation automatique des salaires ont alors été négociées dans certaines entreprises ou branches. Ces indexations automatiques entretenaient l’inflation puisque les couts salariaux étaient répercutés dans les prix. Évidemment à ces hausses de base devaient s’ajouter : promotions, récompense d’efforts particuliers, incidence de l’ancienneté etc…
La difficulté est vite apparue et c’est un gouvernement de François Mitterrand, issu de l’union de la gauche de 1981 (socialistes, radicaux, communistes) qui a dû défaire ce qu’il n’avait pas construit !!!
Jacques Delors, ministre des finances, a éteint une partie des lampions de la fête, en rendant nulles et de nul effet de telles clauses.
Cette disposition a puissamment contribué à la forte baisse de l’inflation qui a été constatée.
Ajoutons que ces clauses dites « d’échelle mobile » concernaient surtout les grands groupes ou par accords de branche des professions assez riches ,celles qui disposent d’un « pricing power », autrement dit de la capacité de répercuter ces hausses de salaires sur leurs prix.
Mais une telle mesure prise de manière générale impacterait très durement les PME et ETI qui sont soumises à une forte concurrence sur le marché national ou international. Naturellement, notre commerce extérieur, déjà si mal en point, serait très profondément impacté.
La question qui vient est alors « comment la France a-t-elle tenu ? »
Par une mesure aujourd’hui interdite : la dévaluation (3 en 3 ans !) et par un chômage insupportable puisqu’il a atteint près de 10% en 1984 pour varier entre 7,5 et 10% durant près de 30 ans. Le chômage étant généreusement indemnisé, il a lui-même contribué à la montée de l’endettement.
LE BLOQUAGE DES PRIX :
Général ou limité, c’est un leurre.
Il s’agirait, dans le programme LFI d’une mesure temporaire et limitée aux produits de première nécessité.
Supposons que le café et le chocolat figurent dans cette liste. Composante majeure du prix de la tablette de chocolat en sortie d’usine, le prix de la matière première, le cacao que la France ne produit et qui fait l’objet de cours mondiaux hors de l’influence de l’entreprise productrice. Ces cours varient fortement et rapidement.
Supposons que le prix soit bloqué à une certaine date et que les cours montent vite !
Notre industriel va essayer d’avoir un RDV à Bercy pour débloquer son prix. Il arrive après bien des difficultés à rencontrer le fonctionnaire compétent. Ce dernier, qui a des consignes strictes de ne rien lâcher va argumenter ; certes le cours du cacao a augmenté mais vous devriez pouvoir faire baisser le prix de vos emballages ou encore renégocier les tarifs de transport, demander des ristournes a votre profit de la part du distributeur, etc… et arrive la phrase magique « on va vous aider ». Notre malheureux industriel n’obtient rien ou si peu, le temps passe, et alors il a deux solutions. S’il est exportateur ou s’il a une gamme étendue avec des produits hors chocolat, il va privilégier des marchés export, laisser de côté ses produits français à forte teneur en chocolat.
Cette situation n’est pas imaginaire, elle s’est produite récemment dans le domaine de la pharmacie, certains groupes préfèrent vendre hors de France pour avoir de meilleures marges. Ce fut aussi un cas tragique avec la chute d’un des derniers fabricants français de chocolat, Poulain. La famille détentrice du capital, suite à de mauvais résultats en période de contrôle des prix a dû vendre à une société étrangère !
Le cas contraire est tout aussi pénalisant pour l’intérêt général. Dans le domaine de la grande consommation, beaucoup de produits incorporent des matières dont les cours varient fortement. Ce n’est pas forcément le fait des méchants spéculateurs mais aussi l’action de dame nature qui produit des situations climatiques très variables ou encore des événements internationaux. Supposons le cas contraire, notre producteur incorpore une matière dont le cours baisse fortement. Que fait-il ? Baisser ses prix ? Surement pas car il est dans la crainte de ne pouvoir ensuite les relever. Donc il va constituer « une pelotte » pour les jours plus sombres ! N’imaginons pas une armée de fonctionnaires qui vont suivre les cours de toutes les matières premières et des services (transports par exemple) ainsi que leur impact sur les différents produits !!!
Rappelons aussi que c’est un gouvernement de gauche qui a enfoncé le dernier clou dans le cercueil du contrôle des prix.
Ainsi indexation des salaires et contrôle des prix sont des lanternes qu’il faudra vite éteindre, si on a eu l’imprudence de les allumer et qui laisseront la nuit encore plus noire.
Denys BRUNEL